lundi 11 septembre 2017

À Nantes, l’amiante de la tour Bretagne alerte les salariés

La nuit passée, une décontamination de l’air a été faite aux 20 et 21e étages de l’immeuble le plus haut de Nantes. Les salariés s’interrogent sur la dangerosité de l’amiante récemment découverte.
Qu’a-t-on découvert dans la Tour Bretagne ?
De la poussière d’amiante a été découverte lors de travaux de maintenance en février dernier (Ouest-France du 6 mai). Des taux anormalement élevés de fibres dans l’air, jusqu’à quarante fois la norme admise, ont été relevés dans certains sas qui relient les escaliers aux ascenseurs.L’amiante provient des clapets de désenfumage qui, reliés à des gaines d’extraction, protègent du feu. En les actionnant, les ouvriers ont constaté un dépôt de poussière blanche. En cause : l’état des jointsOn savait que cet immeuble des années 70, comme beaucoup d’autres, contient ce matériau. Mais confiné dans certaines parties du bâtiment, il reste inoffensif. Quand il se détériore, il devient très toxique.
Que disent les analyses réalisées depuis ?Le syndic qui gère le bâtiment, BNP Paribas, a lancé un diagnostic à tous les étages. 120 tests ont déjà été réalisés sur les 180 prévus. Si les volets de désenfumage ne sont pas manipulés, les taux d’amiante restent à un taux normal. Sauf que les clapets s’ouvrent parfois de façon intempestive.Lors des tests réalisés la semaine dernière, aux vingtième et vingt et unième étages, un taux de présence de fibres supérieur à six fois la norme a été décelé. Les sas sont donc interdits à la circulation.La nuit dernière, des travaux de décontamination ont été menés dans ces deux étages, occupés par des fonctionnaires du ministère des Finances. Ces poussières ont été aspirées.
Quels sont les risques pour les salariés ?Ils sont 800 à travailler dans cette tour. Il s’agit essentiellement de bureaux. Nantes métropole, la Direccte (Direction régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), les Finances… Mais aussi une étude notariale, le Centre de communication de l’Ouest et le café le Nid, au dernier étage.Le syndic se montre très rassurant et indique prendre toutes les mesures nécessaires. Pour autant les travailleurs continuent de s’interroger. « Est ce que c’est dangereux ? Depuis quand sommes nous exposés ? », demande Pierrick Onillon, représentant CFDT au CHSCT pour les Finances.Il ne veut pas dramatiser la situation, mais rappelle que les fonctionnaires de ce ministère sont très sensibilisés à cette question. Ils occupaient le Tripode, ce bâtiment détruit parce que bourré d’amiante. Dans la tour, seuls les sas, par définition des lieux de passage, sont pointés du doigt. « Mais y a-t-il eu une exposition forte lors des exercices incendie ? On ne sait pas. »De leurs côtés, des agents de la Direccte se sont fendus d’une lettre ouverte, envoyée à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. « Nous considérons avoir été exposés à l’amiante depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, et être probablement encore exposés à ce danger. Nous nous inquiétons pour notre santé », lit-on dans ce courrier.La CGT se pose aussi cette question : « En juillet 2016, le diagnostic technique amiante ne révélait rien d’anormal. Six mois plus tard, les clapets sont anormalement dégradés. Comment est-ce possible ? »
Quels travaux ?Il va falloir changer les clapets de désenfumage. Le syndic est en train d’étudier la faisabilité de ce chantier. Comment les remplacer ? Étage par étage ? Quel est le coût ? Quand commenceront les travaux ?Les salariés pourront-ils continuer à travailler pendant la durée du chantier ? Ces trappes se trouvent au niveau des issues de secours… Et comme dans tous les bâtiments de grande hauteur, les règles de sécurité sont draconiennes. Sur ce point, le syndic ne répond pas.
Source : http://www.ouest-france.fr

Aucun commentaire: