lundi 7 mai 2018

MAYENNE : DÉJÀ 30 ANCIENS SALARIÉS DE LA FONDERIE MAYENNAISE MALADES DE L'AMIANTE

Si la fonderie de Mayenne a fermé ses portes en 2015, elle n’en continue pas moins de peser sur la santé de ses anciens salariés. Au moins 30 d’entre eux ont été reconnus malades de l’amiante.
Martial, Bruno, Jean-François... La liste présentée par Didier Chérot comporte 30 noms. C’est le nombre minimum d’anciens salariés de la fonderie de Mayenne reconnus malades de l’amiante. Parmi eux, trois ne sont même plus de ce monde, décédés des suites de leur maladie. Ils avaient entre 63 et 67 ans. « Et il y a tous les autres malades que je ne connais pas », assure l’ancien cadre de la fonderie, aujourd’hui correspondant départemental de l’Andeva, l’association nationale de défense des victimes de l’amiante. La liste a en effet malheureusement toutes les chances de ne faire qu’augmenter. « Dans les années 1995, la fonderie employait 350 personnes », indique celui qui a interrompu sa carrière en 2012 comme responsable fonderie à 52 ans à peine.
Retrouvez dans votre hebdo, le témoignage de deux veuves et les explications de la préfecture de la Mayenne sur l'avenir du site de la fonderie mayennaise.
Source : http://www.lecourrierdelamayenne.fr

Imerys et J&J condamnés à verser 117 millions de dollars à un américain atteint d'un cancer

Aux Etats-Unis, le français Imerys et le laboratoire américain Johnson & Johnson ont été condamnés à verser au total 117 millions de dollars à un homme atteint d'un cancer. Le plaignant affirme avoir développé ce cancer à cause d'une poudre pour bébés de J&J qui contiendrait de l'amiante. Une filiale d'Imerys, spécialiste des minéraux industriels, a fourni le talc utilisé par J&J.

Une filiale d'Imerys et le laboratoire américain Johnson & Johnsondevront verser au total 117 millions de dollars (94,6 millions d'euros) à la suite de la plainte d'un américain affirmant avoir développé un cancer dû à son exposition à l'amiante contenue dans des produits à base de talc. Le jury a ordonné aux sociétés de verser 80 millions de dollars supplémentaires de dommages punitifs à Stephen Lanzo.
Le jeudi 5 avril, le tribunal du New Jersey condamnait déjà les entreprises à verser conjointement 37 millions de dollars (30,2 millions d'euros) au plaignant. Imerys, qui a fourni le talc utilisé par J&J, a été jugé responsable à hauteur de 30% et le laboratoire américain à hauteur de 70%.

Le plaignant, Stephen Lanzo, affirme avoir développé un mésothéliome en raison de l'inhalation de fibres due à l'utilisation régulière de produits de J&J à base de talc depuis sa naissance en 1972. Le mésothéliome est une forme de cancer étroitement liée à l'amiante. Il s'agit d'une tumeur maligne qui affecte la membrane protectrice recouvrant la plupart des organes internes du corps, dont la plèvre.
J&J rejette les accusations
C'est la première fois que J&J perd un procès sur la base d'accusations selon lesquelles ses produits à base de talc contiennent de l'amiante. Le groupe dément ces accusations et affirme que sa poudre pour bébés Baby Powder, commercialisée depuis 1894, ne contient pas d'amiante et ne provoque pas de mésothéliome.
A la suite de la première condamnation, Imerys n'avait pas encore répondu aux demandes de réaction.
Source : https://www.usinenouvelle.com

Commentaire ACAT-FO : La composition chimique du talc industriel produit en CHINE il y a quelques années était une variété d'amiante

Amiante : le Conseil d'Etat insiste sur la responsabilité de l'employeur

JUSTICE. Dans une décision du 30 mars 2018, le Conseil d'État rappelle la responsabilité entière d'une société productrice d'amiante, pour laquelle a été reconnue la faute inexcusable, pour la période d'avant 1977. Décryptage avec Frédéric Quinquis, avocat associé chez Michel Ledoux avocats.

Le premier texte de droit réglementant l'exposition des salariés à l'amiante, en France, date de 1977. A compter de cette année, on est donc en droit d'attendre d'une entreprise qu'elle protège ses salariés contre ce risque. Mais qu'en est-il pour la période d'avant 1977 ? Une société était-elle tenue de protéger ses salariés, alors même qu'aucun texte ne l'y contraignait ? Une décision du Conseil d'État du 30 mars 2018 vient apporter quelques précisions à ce sujet. Elle est en lien avec le décès d'un ancien salarié de la société Eternit, d'un mésothéliome.

"La faute inexcusable de l'employeur a été reconnue définitivement dans ce dossier, en octobre 2007", nous rappelle tout d'abord Frédéric Quinquis, avocat associé au cabinet Michel Ledoux. "La société incriminée avait demandé à ce que l'État supporte une partie du coût de sa faute inexcusable, sur la période d'avant 1977." Prétextant notamment qu'aucun texte de loi ne pointait alors spécifiquement le risque amiante. Il faut dire qu'il y a eu un précédent. "En novembre 2011, le Conseil d'État a reconnu, pour la période d'avant 1977, une part de la responsabilité pour l'État, à hauteur d'un tiers", nous explique Frédéric Quinquis. "Mais il s'agissait d'une autre société, les Constructions mécaniques de Normandie, qui était utilisatrice d'amiante, non pas productrice."

L'absence de réglementation avant 1977 n'est pas forcément une excuse


Dans le dossier d'Eternit, les juges ont tranché différemment en mars 2018, en refusant que l'État prenne en charge une partie de la responsabilité (c'est-à-dire le paiement d'une partie des indemnités versées aux victimes). "Ainsi, cet arrêt de mars 2018 nous enseigne qu'une entreprise de production d'amiante ne peut pas, pour la période d'avant 1977, se retrancher derrière l'absence de réglementation", résume Frédéric Quinquis. Le juge administratif estime ainsi que ce type d'entreprises auraient dû avoir conscience du risque pour les salariés.
"Il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que la société [...] avait déjà au cours de la période en litige, allant de 1974 à 1977, une connaissance
particulière des dangers liés à l'utilisation de l'amiante"
, peut-on en effet lire dans le compte-rendu du jugement.

Le Conseil d'État devrait prochainement prononcer une nouvelle décision sur le même thème, concernant cette fois-ci la société Latty international (fabrication de joints).
Source : https://www.batiactu.com

Le bilan des lésions professionnelles s'alourdit encore cette année : qu'attend la ministre responsable du Travail pour agir?

MONTRÉAL, le 26 avril 2018 /CNW Telbec/ - À l'occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes d'accidents et de maladies du travail du 28 avril, la CNÉSST rendra public son bilan annuel des lésions professionnelles. Encore une fois cette année, on constatera une hausse du nombre des accidents du travail, des maladies professionnelles et des décès causés par le travail.
L'augmentation du nombre de maladies professionnelles est particulièrement inquiétante. En trois ans, on parle d'une hausse de 73% des réclamations acceptées par la CNÉSST.
La hausse du nombre de décès est aussi préoccupante. En effet, on constate une augmentation de 40% depuis trois ans, elle-aussi principalement causée par des décès reliés aux maladies professionnelles.
L'amiante demeure encore la première cause de mortalité liée au travail. Ce contaminant extrêmement dangereux est maintenant responsable de près de deux décès sur trois (63%).
La hausse des maladies professionnelles constitue un signe évident qu'il existe des problèmes sérieux de prévention en milieux de travail. En effet, les maladies professionnelles résultent de conditions de travail quotidiennes qui sont connues, qui se répètent à long terme et sur lesquelles on peut agir.
Bien que la CNÉSST et la ministre responsable du Travail Dominique Vien nous disent réfléchir, discuter et consulter depuis de nombreuses années pour corriger les choses, on ne constate aucun résultat concret. Par exemple, 39 ans après son adoption, l'ensemble des mécanismes de prévention prévus à la Loi sur la santé et la sécurité du travail ne s'appliquent toujours pas à près de 85% des travailleuses et des travailleurs, la norme d'exposition à l'amiante n'a pas bougé depuis près de 30 ans, etc.
Cet immobilisme doit cesser. Car à chaque année qui passe, il y a derrière ces chiffres de véritables êtres humains qui paient de leur vie ou de leur santé à cause cette absence de volonté politique de vouloir réellement changer les choses. Ne l'oublions pas et ne les oublions pas.
SOURCE Union des travailleuses et travailleurs accidentés ou malades (uttam)
Renseignements : Roch Lafrance, 514-527-4919 ou 514-882-3361

Strasbourg: Ils travaillent sur des bactéries qui mangent l’amiante, une solution bio

Valérie Geoffroy et Sébastien David, chercheurs à l'Unistra travaillent sur un procédé bio pour lutter contre l'amiante. Fibres d'amiante dans un tube. Strasbourg le 16 avril 2018. — G. Varela / 20 Minutes
  • Des chercheurs de l’Université de Strasbourg se rapprochent d’une solution bio pour neutraliser l’amiante.
  • Ils ont déjà déposé un brevet et leurs recherches entrent dans la phase de développement.
L’amiante, ils lui font la peau, par le bio. Une bonne nouvelle quand on sait que chaque année, des tonnes d’amiante mélangées aux gravats sont retirées d’anciens bâtiments avant d’être simplement enfouies, tout en gardant leur toxicité, dans une station de traitement…
Mais quand il n’y aura plus de place, que faudra-t-il en faire ? C’est en substance ce qui a conduit l’équipe scientifique métaux et micro-organismes de l’Unistra à travailler sur une solution bio  pour la neutraliser. Ils ont déjà déposé un brevet en 2016 et attaquent la deuxième phase de cette recherche, celle du développement.

L’amiante est encore très utilisé en Russie et au Canada

Une recherche prometteuse et attendue, d’autant plus d’actualité que l’amiante est encore très utilisé dans des pays comme la Russie, le Canada. « Nous travaillons sur une méthode pour essayer de transformer un déchet toxique vers un autre matériau, qui ne serait d’une part plus toxique, voire être réutilisable et valorisé », explique la directrice de recherche à l’Unistra Valérie Geoffroy.
Valérie Geoffroy et Sébastien David, chercheurs à l'Unistra travaillent sur un procédé bio pour lutter contre l'amiante. Fibres d'amiante dans un tube. Strasbourg le 16 avril 2018. - G. Varela / 20 Minutes
Le principe ? Des micro-organismes, de type bactérie, qui peuvent puiser, récupérer, des éléments toxiques de l’amiante, comme le fer - dangereux lorsqu’il est en en contact avec les cellules humaines - et le magnésium.
« L’idée est de "débobiner" la structure de l’amiante, avec des bactéries, puis de les traiter comme dans une station d’épuration. Cela devient un déchet non toxique car il n’est pas question de générer à partir d’un déchet un autre déchet que l’on ne saurait pas gérer ! », rassure Valérie Geoffroy. Un procédé bio, qui pourrait bien intéresser rapidement les collectivités, les industriels, même si la recherche sur un procédé chimique est par ailleurs bien avancée.

Plusieurs types d’amiante

Pour manger l’amiante, c’est directement la bactérie naturelle qui ferait le gros du boulot, mais aussi une molécule produite par cette même bactérie et qui fait office de « pince à fer ». Le principe est d’isoler la bactérie qui intervient pour la faire agir beaucoup plus vite et optimiser le procédé. Optimiser pour que ça soit plus efficace et réduire le temps d’action, pour enlever tout le fer et tout le magnésium. Problème, il y a plusieurs types d’amiante et donc des procédés de traitement qui sont différents, ce qui complique un peu plus encore les recherches.
Valérie Geoffroy et Sébastien David, chercheurs à l'Unistra travaillent sur un procédé bio pour lutter contre l'amiante. Fibres d'amiante dans un tube. Strasbourg le 16 avril 2018. - G. Varela / 20 Minutes
Après avoir longuement travaillé sur l’un des deux types de déchets d’amiante, le flocage (sorte de laine de verre), l’équipe de l’Unistra oriente ses recherches sur les fibro ciment (sorte de tôle ondulée très utilisée dans la construction). « Nous testons les échantillons, nous combinons les bactéries, détaille Sébastien David, doctorant en biotechnologie et signalisation cellulaire et qui planche sur cette deuxième phase. « Les orientations des recherches sont multiples. La bactérie que nous utilisons -type pseudo monas-, est très étudiée car elle est très présente dans le sol, utilisée pour la dépollution des sols, les hydrocarbures, rappelle Valérie Geoffroy… Des bactéries qui s’adaptent à la pollution. »
« Pour l’instant, on travaille à l’échelle laboratoire, du tube, (20 ml) et on veut passer à l’échelle du fermenteur, (5 litres), explique Sébastien David. On a démontré que ça peut marcher, on a trouvé la recette. Maintenant, il faut que l’on puisse montrer que notre procédé va être possible, autonome et efficace pour altérer toute la fibre d’amiante, à 100 %, avant de relier le monde la recherche au monde industriel. »
Source : https://www.20minutes.fr

Victime de l'amiante à l'usine de Fumel : l'indemnisation étendue jusqu'en 2012

Les rapports d’expertise successifs attestaient de la présence de l’amiante dans les toitures, dans les fours de la fonderie de Fumel, en Lot-et-Garonne, en dépit des opérations de déflocage depuis dix ans. Au titre du préjudice d’anxiété ou parce qu’ils sont malades, les salariés de l’usine métallurgique pouvaient se prévaloir de l’allocation de cessation d’activités anticipée (CAATA) mais ils ne pouvaient le faire que s’ils avaient été employés jusqu’en 1997.

Non au ministre

En 2015, les représentants du personnel CGT en tête ont souhaité mener la bataille de l’extension de la période d’indemnisation, entre 1998 et 2012. Ils ont gain de cause. En première instance, le tribunal administratif de Bordeaux vient d’annuler la décision de la ministre du Travail de ne pas inscrire l’usine dans la liste des établissements industriels pouvant ouvrir le droit à ces indemnisations.
En clair, tous les salariés ayant travaillé à l’usine entre ces deux années peuvent désormais déposer un dossier de prise en charge. La plupart ont été licenciés à l’issue de la succession de plans sociaux depuis dix ans. Si la demande est acceptée, ces travailleurs de l’amiante peuvent percevoir 65 % de leur salaire brut mensuel. Une aubaine pour beaucoup.

15 décès connus

L’Etat peut faire appel de la décision. ll faut toutefois attendre la parution au Journal Officiel pour lancer les nouvelles procédures. 50 salariés ont déjà été déclarés malades de l’amiante, une quinzaine est décédée mais la liste n’est hélas pas exhaustive. Dans les dernières semaines, un ancien métallo de 84 ans est mort d’un cancer de la plèvre, spécifique au contact avec l’amiante. Plus de 600 dossiers ont par ailleurs été déposés auprès des conseils de prud'hommes pour obtenir des indemnisations au titre du préjudice d’anxiété. Toutes les procédures à une ou deux exceptions près ont été couronnées de succès.
Source : https://www.ladepeche.fr

Nantes : une manifestation en attendant un rapport sur le Tripode amianté

Les anciens salariés du Tripode, à Nantes, attendent un rapport de l'Inspection générale des Affaires Sociales sur les risques encourus en raison de l'amiante présente dans le bâtiment. Ils se rassemblaient aujourd'hui. 
est place Royale dès 15h que les agents et les Unions Syndicales Départementales et de l'Addeva 44 (association de défense des victimes de l'amiante en Loire-Atlantique) ont informé la population sur les risques réels de l'amiante. Si ils étaient peu nombreux, le thème a beaucoup intéressé les passants. Car beaucoup de bâtiments contiennent toujours de l'amiante en Loire-Atlantique.

Ils demandent  le « classement immédiat en site amianté » du bâtiment et dénoncent des décès «dissimulés» depuis plusieurs années. Ce classement avait été refusé en Mars 2017 par l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve. Or, selon eux, le Tripode a été un cas exceptionnel d'exposition.

Des études ont alerté 
Un bureau d’études indépendant Sepia-Santé avait réalisé en 2016 une étude sur le lien entre l'exposition à l'amiante et les décès. Les résultats montraient que "les agents ayant travaillé dans ce bâtiment administratif de l’île de Nantes entre 1972 et 1993 mourraient en moyenne six ans plus que tôt que les salariés d’un service comparable". 

Départ en pré-retraite amiante
Le classement du site permettrait aux d'agents encore actifs - soit moins de 400 personnes- de bénéficier d'un départ en pré-retraite amiante.

Le procès pénal de l'amiante entre les mains de la Cour de cassation

Moment décisif pour l'issue judiciaire du scandale de l'amiante. Après 22 ans d'instruction, la Haute juridiction judiciaire va décider ce lundi si un grand procès pénal de la fibre cancérogène aura lieu ou non en France.


"Est-il bien optimal qu'une instruction dure 22 ans, conduise à la constitution d'un dossier de 38 tomes et 30.000 pages, aboutisse à des mises en examen, que ces mises en examen soient annulées deux fois, viennent deux fois devant la Cour de cassation, plutôt que de conduire à un renvoi devant une formation de jugement pour un débat pleinement contradictoire, sur le fond ?", interroge Guillaume Hannotin, avocat à la Cour et représentant du Comité anti-amiante de Jussieu et de l'Association régionale des victimes de l'amiante du Pas-de-Calais.
La Haute juridiction judiciaire va devoir répondre à cette question lors d'une audience qui se tiendra lundi 7 mai. L'audience de la dernière chance pour les victimes et leurs familles, alors que le nombre de décès liés à l'amiante s'élève toujours à 3.000 par an et pourrait se situer à plus de 150.000 au terme de la catastrophe sanitaire. Si l'indemnisation des victimes est aujourd'hui correctement assurée, la recherche de la responsabilité pénale des principaux responsables du scandale patine depuis des années puisque l'affaire n'est jamais parvenue jusqu'aux juridictions de jugement.
"Amicale des amianteurs"
La Cour d'appel de Paris a en effet annulé par deux fois, en 2014 et en 2017, les mises en examen des présumés responsables de la catastrophe. Ces personnes étaient presque toutes membres du Comité permanent amiante. "Une sorte d'amicale des amianteurs qui contrôlait à la fois l'information sur l'amiante et l'action des pouvoirs publics", dénonce Me Hannotin. Les personnes mises en cause étaient hauts fonctionnaires aux ministères de l'Industrie et de la Santé, professeur de médecine, médecin du travail, industriel. Et même directeur de l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), l'organisme national de référence en matière de prévention des risques en France financé par... la Sécurité sociale.
Les magistrats de la Cour de cassation vont se prononcer sur le pourvoi des deux associations, qui défendent respectivement les victimes de l'amiante du campus universitaire parisien et celles du chantier naval de Dunkerque. L'alternative qui se présente aux magistrats est la suivante. Soit ils rejettent le pourvoi et l'espoir des victimes de voir un grand procès pénal de l'amiante en France s'évapore. Soit ils annulent la décision d'appel et renvoient l'affaire devant une nouvelle juridiction d'instruction, ouvrant la voie à un procès sur le fond.
Enjeux pour l'avenir
"En France, on ne veut pas condamner les décideurs administratifs, politiques ou industriels. On voudrait limiter la responsabilité à ceux qui exécutent. C'est ça le fond du problème pour l'affaire de l'amiante", déplorait Michel Parigot, président du Comité anti-amiante de Jussieu sur France Info en décembre. La Cour de cassation est aujourd'hui en mesure de faire changer les choses.
L'enjeu d'une condamnation serait double. Il s'agit tout d'abord pour les victimes de voir reconnaître la responsabilité de ceux qui ont freiné les mesures d'interdiction de l'amiante. La France n'a en effet interdit la fibre qu'en 1997 après sept autres pays européens. Un retard permis par l'action efficace du Comité permanent amiante qui est parvenu à imposer le concept d'"usage contrôlé" de l'amiante, y compris au Bureau international du travail. Cette doctrine a permis d'éviter pendant quinze ans de prendre toutes mesures plus coercitives que la fixation d'une valeur limite d'exposition laxiste et l'interdiction du flocage dans les bâtiments à la fin de des années 1970.
Parmi les faits d'armes du comité figurent les entraves mises à la création d'une réglementation européenne. "Lorsque l'Allemagne a voulu faire interdire l'amiante au niveau européen en 1991, le comité permanent est parvenu à bloquer le projet de directive via le représentant du ministère de l'Industrie", explique en effet Guillaume Hannotin.
Le deuxième enjeu porte sur le caractère dissuasif qu'une condamnation pénale des personnes physiques pourrait avoir sur les décisions prises à l'avenir par les responsables politiques et les hauts fonctionnaires. "La crainte de la prison est très forte et impose une obligation d'exemplarité", explique Me Hannotin. "L'enjeu, ce n'est pas seulement l'amiante. C'est tous les autres produits toxiques auxquels on est confronté et ceux de l'avenir, comme les nanomatériaux", explique Michel Parigot.
Reste à connaître la décision que va prendre la Cour à l'issue d'une audience à laquelle vont assister de nombreuses veuves des victimes du chantier naval de Dunkerque. En cas d'issue favorable à ces dernières, le procès sur le fond ne devrait toutefois pas avoir lieu avant 2020. Soit près d'un quart de siècle après la plainte déposée par le Comité anti-amiante de Jussieu.
Source : https://www.actu-environnement.com

lundi 23 octobre 2017

CAUDRY Seize mois pour démolir la très amiantée friche Bricomarché-Dumont



C’est un chantier au long cours. Depuis le mois de mai, l’établissement public foncier procède à la démolition des friches Bricomarché et Dumont, situées rue Delory à Caudry, et « très amiantées ». Coût de l’opération, qui doit s’achever en août 2018 : 3,9 millions d’euros.


Le site
Situés rue Gustave-Delory, sur le flanc de la longue rue de Saint-Quentin, les anciens bâtiments occupés par un entrepôt de stockage de feu le tissage Dumont et Bricomarché sont en friche depuis dix bonnes années. En 2007, l’enseigne de bricolage avait pris ses quartiers dans la zone commerciale de Caudry. Depuis lors, le site de deux hectares non seulement dormait, mais encore se dégradait. La démolition de ces deux verrues constitue l’un des gros dossiers du mandat.
Le chantier
La démolition a commencé en mai, et doit durer jusqu’en août. C’est que l’opération est complexe : «  Le site est très amianté, explique Frédéric Bricout, le maire de Caudry. Si on avait voulu démolir nous-mêmes, cela nous aurait coûté 3 millions d’euros.  »
« Le site est très amianté. Si on avait voulu démolir nous-mêmes, cela nous aurait coûté 3 millions d’euros. »
Cette mission a donc été confiée à l’établissement public foncier (EPF), ce « recycleur de foncier partenaire des collectivités territoriales  » qui s’est aussi chargé à Caudry, ces derniers mois, de la démolition du Phare et de l’ancien magasin Leclerc. C’est lui qui a racheté les deux bâtiments à leurs propriétaires privés. Coût (TTC) de ce chantier «  particulièrement sécurisé  » eu égard à la quantité d’amiante, «  plus importante que sur d’autres chantiers » : 3,9 millions d’euros, financés intégralement, précise ce dernier, par l’EPF Nord - Pas de Calais.
Le projet
C’est un terrain nu mais «  reverdi  » que l’EPF doit revendre en août à la ville, «  au prix d’un terrain à bâtir  », indique Frédéric Bricout. Des logements y pousseront. D’une part pour respecter l’obligation de «  restructuration urbaine  » figurant dans la convention qui conditionne l’intervention de l’EPF. D’autre part, pour répondre à la demande d’hébergement émanant de l’antenne toute proche de l’université des métiers de l’artisanat (URMA) et du lycée technique. «  On passera certainement une concession avec l’un des bailleurs avec lesquels on a l’habitude de travailler  », souligne le maire, qui souhaiterait du logement étudiant mais aussi «  un peu de mixité  ». Ce projet pourrait naître sur les 15 000 mètres carrés de terrain qui seraient vendus au concessionnaire. Une opération blanche pour la ville, en termes financiers, mais pas neutre en ce qu’elle la débarrasse de deux verrues urbaines de longue date implantées.
Quid de la «Maison Dumont»?
Juste à côté de la friche Dumont-Bricomarché se niche un bâtiment à l’étrange architecture.
La demeure construite en 1947, rue Salembier, par l’architecte suisse Charles Vollery pour le compte de l’industriel Robert Dumont, patron de la société de filature et de tissage qui occupait l’un des deux bâtiments déconstruits ces jours-ci, a une architecture si particulière que d’aucuns l’appellent encore « le château », quand d’autres y voient une réplique de la villa Cavrois de Tourcoing.


« L’architecte des bâtiments de France a imposé de laisser libres 5 000 mètres carrés. »


Inscrite à l’inventaire des monuments historiques en 2001, cette propriété privée crée un certain nombre de contraintes pour les habitants du quartier, qui ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent en termes de construction. Ainsi le terrain de 20 000 mètres carrés libéré par la démolition de la friche ne sera-t-elle constructible que sur 15 000 : « L’architecte des bâtiments de France a imposé de laisser libres 5 000 mètres carrés  », signale le maire Frédéric Bricout.
Source : http://www.lavoixdunord.fr

Pompier, métier à haut risque sanitaire


Du fait de leur exposition récurrente à des substances toxiques, les pompiers sont exposés à des risques accrus de plusieurs maladies, révèle une étude menée pour le compte de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL). Or si son «caractère dangereux» est reconnu depuis août 2004, cette profession n’est toujours pas considérée comme un «métier à risques».
Au-delà du risque sur le terrain, il en est d’autres bien moins connus, directement liés aux émanations toxiques que respirent les soldats du feu. Dans un rapport publié en mars, la CNRACL révèle que les pompiers sont exposés à des risques accrus de maladies cardiovasculaires et respiratoires, mais aussi de cancers.

SURRISQUE DE PLUSIEURS CANCERS
En France, une analyse menée entre 2007 et 2011 sur la cohorte CPRIM, qui analyse la mortalité chez les pompiers, révélait un taux de décès d’origine cancéreuse de même ampleur que la population générale (environ 45%), mais avec une légère surreprésentation de cancers du poumon, de la lèvre-cavité buccale-pharynx, du foie et des voies biliaires intra-hépatiques.
Deux études américaines, l’une consistant en une méta-analyse de 32 études publiées, l’autre en un suivi depuis 1950 effectué dans trois grandes villes américaines, révèlent d’autres sites corporels dont les cancers sont plus fréquents qu’en population générale: cerveau, estomac, colon, rectum, prostate, testicules, myélomes, lymphomes non hodgkiniens pour la première; œsophage, intestin, rectum, poumons, reins et pharynx pour la seconde.
Malgré les risques, immédiats ou différés, les sapeurs pompiers professionnels ne sont toujours pas considérés comme exerçant un «métier à risques», à la différence des policiers ou des gendarmes –qui peuvent ainsi partir à la retraite à l’âge de 52 ans. Petite concession à cette revendication de longue date, ils ont obtenu, à en août 2004, la reconnaissance du «caractère dangereux» de leur métier. Ce qui permet, à ceux de plus de 50 ans reconnus médicalement inaptes, un reclassement dans la fonction publique, ainsi qu’un avantage de retraite exonéré d’impôt pour ceux ayant servi plus de 20 ans.
Publiée début 2016, une étude française, menée auprès de pompiers de la caserne de Saint-Quentin (Aisne), révèle un taux élevé de mésothéliomes du fait d’opérations de lutte contre les incendies de bâtiments. En cause, la libération de fibres d’amiante, retombent aussi bien sur les sapeurs pompiers que sur le personnel d’assistance situé en retrait de l’incendie.

UN PROCESSUS DE DÉCONTAMINATION À REVOIR
Parmi les raisons de ces risques accrus, la CNRACL pointe notamment des failles dans les processus de nettoyage et de décontamination: «les matériels utilisés pendant l'intervention (lances, tuyaux, etc.), sont souvent transportés, sans précaution particulière, dans les véhicules d’incendie ou des utilitaires. Le personnel et le matériel n’étant pas décontaminés avant le retour en caserne, l'ensemble du personnel et le véhicule se trouvent ainsi contaminés».
A la caserne même, «les locaux sont souvent inadaptés au reconditionnement et à la décontamination. La présence de laveries dans les centres de secours reste l’exception, néanmoins l’existence de sas de nettoyage a été observée sur certains sites». Et le nettoyage d’équipements tels que casques, cagoules, gants de feu et effets chaussants «ne fait pas l’objet de réglementation particulière, l’approche individuelle étant souvent la règle», poursuit la CNRACL.
Du côté des appareils respiratoires isolants (ARI), seul le nettoyage du masque est défini, mais «aucune norme n’existe pour les autres pièces (dossard, bretelles, canalisations et soupape respiratoire). Cette situation peut conduire à relier un masque ‘propre’ avec un appareil qui ne l’est pas».
Pour la CNRACL, c’est toute l’organisation de la gestion de ces matériels contaminés qui est à revoir, ou à mettre en place. Par exemple «en adaptant, voire en réorganisant, les locaux avec un zonage et un circuit ‘contaminé – décontaminé’», ou en instaurant des processus de décontamination pour tout matériel souillé revenant d’opération.
Source : http://www.journaldelenvironnement.net

La Renaudière. Les voisins d'une école maternelle amiantée devant la justice

En septembre 2015, à La Renaudière, le nettoyage d'un toit en plaques amiantées avait contaminé une école maternelle. Pour éviter tout risque, la maternelle avait dû déménager. L’école a fermé un an.
À l’école de La Renaudière, commune de Sèvremoine dans les Mauges, le nettoyage d’un toit voisin a provoqué un vent de panique. La scène se déroule le 7 septembre 2015. Et le décapage au jet d’eau projette des mousses suspectes dans la cour des maternelles.
Dans l’établissement, la réaction est immédiate. « La récréation a été annulée par la directrice, retrace Me Caroline Ménard. Les enfants ont été installés dans la salle des fêtes. »
L’Agence régionale de santé est saisie. L’inspection académique décide la fermeture administrative de l’établissement. « L’école a été obligée de déménager dans des préfabriqués, reprend l’avocate missionnée par l’Organisme de gestion de l’enseignement catholique (Ogec). Pour la dépollution, on a dû racheter un certain nombre de matériels. »
Deux expertises sont réalisées. La première, dès le lendemain, révèle un taux de moins de cinq fibres d’amiante par litre d’air. Plus tard, en octobre, des relevés montrent des dépôts de poussière amiantée. Pour Me Ménard, pas de doute. Elle met en cause le couple. Qui savait que le toit était constitué de plaques fibro-amiantées. Et qui a fait appel à « un professionnel trouvé sur Le Bon coin » pour un montant de « 1 500 € alors que ces travaux nécessitaient une enveloppe d’au moins 30 000 €. Ils n’ont pris aucune précaution. »

Fallait-il fermer l'école pendant un an ? 

Fallait-il, pendant un an, maintenir les écoliers de maternelle à distance de l’établissement ? Évidemment, soutient Me Ménard, en s’appuyant sur le rapport de l’expert en pollution. « La moindre fibre d’amiante inhalée est dangereuse pour la santé », plaide-t-elle. Elle demande une provision de 200 000 €.
Une facture dont l’avocat des voisins ne veut pas entendre parler. « Il a été décidé, au nom du sacro-saint principe de précaution, de ne pas réintégrer les enfants, soupire Me Jean-Charles Loiseau. On considère que l’amiante déposé ne représente pas de danger. L’école aurait pu faire réintégrer les enfants avant. »
Source : https://www.ouest-france.fr

Amiante : "La France ne peut pas se permettre de ne pas juger une catastrophe sanitaire qui a fait plus de 100 000 décès"

Michel Parigot, président du Comité anti-amiante de Jussieu, a espéré, vendredi sur franceinfo, qu'un procès au pénal aurait lieu dans le scandale de l'amiante après l'annulation des mises en examen de neuf responsables nationaux.

L'annulation des mises en examen de neuf responsables nationaux, dans deux dossiers emblématiques du scandale de l'amiante, vendredi 15 septembre, est "scandaleuse", estime Michel Parigot. Pour le président du Comité anti-amiante de Jussieu, invité de franceinfo vendredi, "on veut absolument se débarrasser par tous les moyens de l'affaire de l'amiante", mais il ne renonce pas : "Je crois qu'on aura un procès pénal"Des industriels, scientifiques ou hauts fonctionnaires avaient été mis en examen entre fin 2011 et début 2012 pour "homicide et blessure involontaire".
franceinfo : Comment réagissez-vous à la décision d'annulation de ces mises en examen ?
Michel Parigot La colère est réelle. La motivation de cette décision est probablement la plus scandaleuse qu'on ait eue jusqu'à maintenant. Il s'agit tout simplement de justifier tout ce qui s'est passé. On justifie la politique qui a été menée et qui a conduit à des dizaines de milliers de décès. On nous explique que le fait que les pouvoirs publics se soient reposés sur une structure de lobbying des industriels pour établir leur politique n'est pas un problème. Les arguments qui sont utilisés vous permettraient de dire qu'il n'y avait aucune raison d'interdire l'amiante en 1997, aucune raison de prendre les mesures de protection qu'on a prises et qu'on aurait pu, pendant 20 ans, faire exactement la même politique avec des dizaines et des dizaines de milliers de morts supplémentaires. Pour moi, c'est inacceptable.
Comment expliquez-vous la motivation de la décision de la Cour d'appel de Paris ?
Elle peut s'expliquer uniquement par le fait qu'on veut absolument se débarrasser par tous les moyens de l'affaire de l'amiante. Le dossier gêne car les responsabilités sont celles de hauts fonctionnaires. En France, on refuse systématiquement de mettre en cause des décideurs. On veut limiter les responsabilités à celles des exécutants. Cela ne dérange personne de mettre en cause des exécutants. Or, dans les affaires de santé publique, les principales responsabilités sont celles des décideurs. Ils savent que l'on va avoir, au bout du compte, des dizaines de milliers de morts. Ils le savaient, mais ils ont quand même pris des décisions.
Croyez-vous toujours en un procès pénal ?
Je crois qu'on aura un procès pénal. On est en train de s'organiser pour cela. Je pense qu'on va y arriver, car la France ne peut pas se permettre de ne pas juger une catastrophe sanitaire qui a fait plus de 100 000 décès et qui était parfaitement évitable. On avait toutes les connaissances sur le sujet et les décisions ont été prises en toute connaissance.
Source: https://www.blogger.com

Amiante : l'Andeva dénonce une interprétation des magistrats "totalement erronée"

En juin, les juges d'instruction ont estimé qu'il était impossible de déterminer avec certitude la date d'intoxication d'un malade exposé à la fibre cancérogène.

Le risque que des non-lieux soient prononcés dans de nombreux dossiers emblématiques de l'amiante est "un scandale majeur", basé sur une interprétation "totalement erronée" des expertises scientifiques, a dénoncé jeudi l'association nationale des victimes de l'amiante (Andeva).
En juin, les juges d'instruction, suivis par le parquet de Paris, ont estimé qu'il était impossible de déterminer avec certitude la date d'intoxication d'un malade exposé à la fibre cancérogène, un flou qui ne leur permettait pas de demander un renvoi devant les juridictions pénales. Cette interprétation pourrait ouvrir la voie à des non-lieux dans au moins une quinzaine de dossiers contre des entreprises dont les salariés ont développé des pathologies après avoir été exposés à l'amiante.
Les premières plaintes déposées il y a plus de 20 ans. Si c'était le cas, l'Andeva a annoncé qu'elle ferait appel et irait, en cas de nouvel échec, devant la Cour de cassation. "Cela prendra encore au moins deux ans supplémentaires alors que les premières plaintes ont été déposées il y a 21 ans et que le nombre de victimes et de mis en cause décédés augmente toujours davantage", a souligné le vice-président de l'association, François Desriaux, lors d'une conférence de presse, dénonçant "un naufrage judiciaire".
3.000 personnes meurent chaque année, selon l'Andeva. Pour l'Andeva, les magistrats s'appuient sur un rapport d'expertise rendu le 22 février 2017 "auquel ils font dire le contraire de ce qu'il dit". "D'un point de vue scientifique, il n'y a aucun doute: l'intoxication intervient à la date de la première exposition c'est-à-dire à la date de l'embauche dans l'usine", a relevé le professeur Christophe Paris du CHU de Rennes. "Pour preuve, les effets à l'origine du développement des pathologies débutent dès la première exposition", a-t-il noté. Selon les autorités sanitaires, qui imputent à l'amiante 10 à 20% des cancers du poumon, l'exposition à cette fibre pourrait provoquer jusqu'à 100.000 décès d'ici à 2025. D'après l'Andeva, 3.000 personnes meurent chaque année.
Une affaire démarrée en 1996. L'affaire a éclaté sur le front pénal à la suite d'une plainte pour homicides et blessures involontaires déposée par d'anciens salariés du groupe Eternit en 1996. Depuis, cette bataille judiciaire a donné lieu a une multiplicité de procédures. Les victimes de l'amiante ont essuyé un revers important en 2015 quand la Cour de cassation a remis en cause la responsabilité des décideurs publics dans l'affaire de l'usine de Condé-sur-Noireau, dans le Calvados.
Vendredi, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris dira si elle confirme ou non une dizaine de mises en examen de décideurs publics dans les dossiers des salariés du campus parisien de Jussieu et des chantiers navals Normed de Dunkerque.
Source: http://www.europe1.fr

TRIBUNAL DE BESANÇON Amiante : l’hôpital de Pontarlier et son ex-directrice reconnus coupables

Pour la première fois en France, une directrice d’établissement de santé a été pénalement condamnée pour mise en danger de la vie d’autrui. Amende avec sursis pour elle. Amende avec sursis, également, pour le CHI de Haute-Comté, qu’elle dirigeait à l’époque des faits.

La conclusion du communiqué de presse préparé par le centre hospitalier intercommunal (CHI) de Haute-Comté en dit long sur la portée de la décision annoncée, ce vendredi, dans l’enceinte du tribunal de Besançon. « Cela va à l’encontre de décennies de jurisprudence sur la responsabilité pénale des fonctionnaires et des établissements publics de santé. Il s’agit d’une première au niveau national, et sans doute le début d’une longue série qui ne manquera pas de concerner également des collectivités locales ainsi que leurs élus », prévient le CHI, pour qui le tribunal « n’a pas tenu compte des éléments apportés par la défense ».
L’hôpital - en tant que personne morale - et sa directrice à l’époque des faits - en tant que personne physique - ont tous deux été reconnus coupables de mise en danger de la vie d’autrui et manquements aux obligations de sécurité pour avoir fait procéder au retrait de 60 m2 de faux plafonds, suspectés de contenir de l’amiante.
La première écope de 5.000 € d’amende délictuelle et 2.300 € d’amende contractuelle, le tout avec sursis. Le CHI est quant à lui condamné à 10.000 € et 2.300 € d’amende, toujours avec sursis.
Le chantier en question s’était tenu en février-mars 2012, au 4e étage du bâtiment B. Un total de 880 kilos de matériaux jugés dangereux a été extrait par un seul agent, protégé. Mais quid de la toxicité des poussières résiduelles, auxquelles ont été exposés au moins une vingtaine d’agents dans les jours à venir ? Les magistrats bisontins ont tranché.

« Ce qui importe, c’est que notre statut de victimes soit reconnu »

« Cette décision est une reconnaissance par rapport à tout notre travail. Ce qui importe, c’est que notre statut de victimes soit reconnu », se satisfait Lydie Lefebvre, pour la CGT. Sentiment plus mitigé pour Dominique Gueutal, agent de sécurité au moment du chantier et partie civile dans cette affaire : « Je suis un peu déçu dans la mesure où il y a des gens qui devaient être jugés et qui n’étaient pas sur le banc des accusés. On ne savait pas qu’il y avait de l’amiante, mais certains savaient, je pense notamment aux ingénieurs techniques. »
L’hôpital de Pontarlier et son ex-directrice étudient fortement la possibilité de faire appel de cette décision.
En novembre dernier, une précédente affaire d’amiante concernant le CHRU de Besançon avait mobilisé le tribunal. L’établissement avait été finalement condamné à 40.000 € d’amende avec sursis. Une première en France, déjà. Mais seul l’hôpital - en tant que personne morale - était alors concerné.
Willy GRAFF
Source : http://www.estrepublicain.fr