jeudi 14 mai 2009

En attendant un procès, les veuves de l'amiante lancent leur appel


Sans doute faut-il voir un manque d'habitude dans le couac qui a opposé la sous-préfecture et les veuves de l'amiante. Reprises le mois dernier, les marches ont connu hier matin un léger accroc, les militants pour un procès pénal de l'amiante ayant trouvé porte close. Cette marche se voulait une mise en bouche avant la manifestation nationale programmée le 20 juin.
PAR OLIVIER TARTART
dunkerque@lavoixdunord.fr PHOTOS JEAN-CHARLES BAYON
Si les marches des veuves de l'amiante pouvaient sembler routinières à certains, la 16e d'entre elles a quelque peu dérogé à la « règle ». D'ordinaire, la mécanique ne se grippe guère. Rassemblement devant le palais de justice, défilé silencieux jusqu'à la place de la République voisine.
Prise de parole de Pierre Pluta, président de l'Association régionale de défense des victimes de l'amiante (ARDEVA). Et avant de se quitter devant le palais de justice pour réclamer un procès pénal de l'amiante, un petit détour par la sous-préfecture pour y déposer le témoignage d'une veuve, dans une lettre adressée au président de la République.
C'est là qu'un grain de sable a grippé la belle mécanique. Lors des quinze premières manifestations (quatorze, de décembre 2004 à janvier 2006, avant une reprise le 14 avril), une délégation était reçue par le sous-préfet ou l'un de ses collaborateurs pour recevoir en mains propres la lettre. Hier, pas de comité d'accueil. Colère de Pierre Pluta (lire ci-dessous) et de la centaine de manifestants. Indignation de Marcel Lefèvre, adjoint de la ville de Dunkerque. Courroux de Marie-Christine Blandin, sénatrice du Nord : « Nous, parlementaires, recevons plus de respect d'un ministère que d'un sous-préfet au fin fond du département ! » Finalement, le chef de cabinet de la sous-préfecture s'est entretenu durant quelques minutes avec la délégation. Le sous-préfet ignorait apparemment qu'une délégation devait être reçue... Pendant ce temps, Annie Damman patientait dignement. « Veuve de l'amiante » depuis le décès de Pierre (électricien à la Normed) en juin 2007, à l'âge de 59 ans, elle gardera de ce premier défilé un léger goût amer malgré les excuses publiques d'un Pierre Pluta submergé par l'émotion. « Je suis venue pour la première fois aujourd'hui en sa mémoire car il venait manifester, rappelait-elle, émue. On proteste contre le projet de suppression des juges d'instruction qui enterrera le procès de l'amiante. Dans mon cas, l'expertise médicale a été réalisée il y a un an, alors que mon mari était décédé. Depuis, on attend le rapport ! C'est un parcours du combattant. Et le travail de deuil est difficile... » Si cette première expérience ne la dissuadera de reprendre sa place dans les rangs du cortège, pas sûr en revanche que cela la rassure sur la volonté de l'État d'ouvrir un procès pénal. •
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